L’accompagnement d’un professionnel de santé augmente les chances de réussir à arrêter de fumer. Et c'est encore plus vrai pendant la grossesse pour permettre au bébé de bien se développer, de prendre du poids et de naître à terme. Mais que faire lorsque les méthodes classiques comme les substituts nicotiniques ne suffisent pas à tenir cette bonne résolution ? Pourquoi ne pas se motiver davantage en recevant une récompense financière, et c'est cette piste qu'ont explorée des chercheurs de l'AP-HP et du CNRS. Leur étude menée en partenariat avec 18 maternités montre que récompenser les femmes pour leur abstinence tabagique avec des bons d'achat tout au long de la grossesse devrait faire partie de la prise en charge habituelle des femmes enceintes fumeuses.
Pour cette étude, 231 femmes enceintes désirant arrêter de fumer avant leur 18ème semaine de grossesse ont été invitées à choisir une date d’arrêt et à se rendre à leur maternité pour des visites de contrôle tout au long de leur grossesse. Ces visites ne consistaient pas seulement à réaliser un entretien motivationnel comme d'ordinaire, mais aussi à recevoir des bons d'achats. Plus les semaines passaient avec moins de cigarettes fumées, plus le montant des bons d'achats reçus augmentait. De sorte que la somme totale que les participantes pouvaient obtenir était de 520 € après six visites de contrôle. C'est en mesurant à chaque fois la quantité de monoxyde de carbone dans leur haleine que leur abstinence tabagique a pu être confirmée tout au long de l'expérience.
Les résultats montrent que ces femmes ont fumé plus d'une centaine de cigarettes en moins pendant leur grossesse mais aussi qu'elles avaient des envies de fumer plus faibles visite après visite. Cette approche de récompenses financières a permis de favoriser une abstinence tabagique continue, de la date d’arrêt jusqu’à la dernière visite avant l’accouchement, chez 38 participantes sur 231, contre 17 participantes dans un groupe contrôle. Cette méthode ne s'est pas seulement avérée bénéfique pour les futures mères puisqu'elle était aussi associée à un plus faible nombre de nouveau-nés avec des issues néonatales négatives et un poids de naissance inférieur à 2Kg. La prochaine étape pour l'équipe scientifique sera d'évaluer le rapport coût-bénéfice et l’acceptabilité de cette intervention auprès du public concerné.
Alexandra Bresson
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