Stéphanie Toutain, chercheuse et maître de conférences à l’université Paris-V-CNRS-Inserm, explique dans une enquête publiée en 2009 dans la revue Alcoologie et addictologie que « 20 % des femmes savent que l’alcool a des effets toxiques sur le fœtus. Mais elles sont seulement 6 % à connaître le syndrome d’alcoolisation fœtale et ses effets sur l’enfant à naître ».
Que les choses soient claires : oui, boire de l’alcool est dangereux pour le futur bébé lorsqu’on est enceinte ! L’explication médicale est simple : les molécules qui composent l’alcool sont de toute petite taille, ce qui empêche le placenta de jouer son rôle habituel de filtre. L’alcool passe donc très facilement dans le sang du fœtus.
Et contrairement à ce que l’on peut parfois entendre, l’alcool est dangereux tout au long de la grossesse. Pour l’embryon, c'est-à-dire au cours des 2 premiers mois, au moment de la formation des organes. Pour le cerveau du fœtus ensuite, car la consommation d’alcool altère la fabrication des neurones et leur migration. Et enfin durant le 3ème trimestre car l’alcool retarde la conduction de l’influx nerveux dans le cerveau.
On ne sait toujours pas s’il existe un seuil de consommation d’alcool au-dessous duquel les risques deviennent nuls. En revanche, une chose est bien certaine : plus la consommation d’alcool est importante, plus le futur enfant risque d’être gravement touché. Les bébés dont la maman boit régulièrement risquent en effet un retard de croissance pré et postnatal, des malformations cardiaques et neurologiques ainsi que des anomalies du système nerveux central, c'est-à-dire un retard du développement intellectuel, une hyperactivité, des problèmes de comportement, ou bien encore des troubles du langage pour l’enfant.
Certains médecins parlent de « syndrome d’alcoolisation fœtale » dès 2 verres d’alcool par jour, d’autres pour une consommation plus importante. En France, ce syndrome concerne chaque année tout de même jusqu’à 3,5 naissances pour 1 000. C’est autant de problèmes de santé qui auraient facilement pu être évités par une simple abstinence…
En résumé, puisqu‘on a prouvé que l’alcool était toxique pour le cerveau du fœtus et ce, quelle que soit la quantité consommée, le mieux est donc de ne pas en consommer du tout lorsque vous vous savez enceinte. Et même, si possible, pour ne prendre aucun risque, dès que l’on a le projet de faire un bébé.
Caroline DURAND & Anthony BOURDAIN |